Témoignage de Marie

En 2004, je viens de prendre ma retraite. Que faire de tout ce temps dont je dispose ? Il me faut une activité où je me sentirai utile et qui me permettra de rencontrer du nouveau monde et de me faire un nouveau réseau social. En consultant le carnet communautaire du journal local, je suis immédiatement attirée par l'annonce de Marraine Tendresse qui demande des bénévoles pour offrir un répit à des mères qui viennent d'accoucher.

J'ai toujours été attirée par les bébés et je me souviens très bien de ce que j'ai ressenti après la naissance de mon premier enfant. J'avais tellement voulu ce bébé et tout à coup j'avais l'impression que je n'avais plus de vie. Je manquais de sommeil et je n'avais jamais le temps de mener une action à son terme sans que le bébé ait besoin de moi. J'avais la sensation que je ne pourrais plus jamais sortir... Je m'empresse donc d'appeler la responsable et de donner mon nom. J'assiste aux formations, ce qui me met en contact avec d'autres marraines. Puis je reçois un appel : il y a une mère qui a besoin de moi. Pour ma première rencontre avec elle, j'ai la chance d'être accompagnée par une marraine expérimentée. Elle me présente à la mère et lui explique les limites de notre action.

Puis je suis mise en contact avec des mères immigrantes. Elles ont quelque chose en commun : pas de réseau social et des difficultés avec la langue. Je m'organise pour qu'il y ait une communication entre nous; je m'intéresse à leur pays, puis à leur grossesse et à leur accouchement. Parfois, je reste surprise par certaines coutumes mais je respecte toujours leur façon de faire. Quand elles me demandent comment on fait ici, ça me fait plaisir de leur en parler.

Il m'est arrivé aussi d'aider des mères de jumeaux. J'en ai vu plus d'une paire, identiques ou non. Comme c'est fascinant et comme c'est de l'organisation pour la mère.

Durant toutes ces années à Marraine Tendresse, j'ai rencontré des mères de tous les milieux. Chacune est fière de son enfant et fait de son mieux, à sa façon. Le contact avec ces jeunes femmes est très rafraîchissant. Il permet de rester jeune !

En fait, mon but est atteint. Je suis utile. Que je sois reçue avec un grand sourire ou par une maman cernée qui attend désespérément mon arrivée, je suis à ma place.

Ce que j'ai découvert au fil des ans, c'est que c'était les bébés qui m'avaient attirée dans ce bénévolat et ce sont les mamans qui m'y ont retenue.

Marie